MARION MADRANGE

De ma petite banlieue parisienne à la limite entre la province et la grande capitale, je me nome Marion Madrange et j’ai 20 ans. J’ai un parcours simple pour le moment, un bac général S, une prépa d’art à Paris pour être aujourd’hui en troisième année de DNA design d’objet à l’ESAD de Reims.

A la sortie du confinement, je me suis aperçue d’une chose : nous ne vivons plus avec la nature ! Nous ne tissons plus de lien avec elle. De mon point de vue, cette période m’a permis de ressentir cela comme un réel manque. Je me suis alors demandé comment je pouvais créer un lien avec la nature : une passerelle entre elle et notre habitat, aussi artificiel qu’il est.

La couleur se trouve partout. Tout ce qui nous entoure naturellement est coloré. Il est évident que ce n’est pas pour rien que nous sommes dotés d’une vue qui nous permet de voir un nombre incalculable de nuances et de couleurs. Et toutes ont une influence sur notre état d’esprit, un orange vif ne provoquera pas la même émotion qu’un vert pastel. Dans chaque lieu où l’on peut vivre, il y a un environnement végétal et minéral différent. De ce principe, j’en ai déduit que toutes les couleurs issues de la nature sont de bonnes couleurs ! L’idée est donc d’utiliser la source colorée des végétaux qui nous entourent pour les réinsérer dans notre habitat à travers les tissus. La teinture naturelle, Trouver les couleurs naturelles du lieu où l’on vit et les utiliser dans notre milieu de vie, dans nos draps, nos vêtements, nos nappes, nos rideaux…

Je suis arrivée à Boisbuchet sans savoir où j’allais, mais en sachant très bien que j’y étais pour une bonne raison : découvrir les couleurs naturelles de Boisbuchet ! L’endroit est incroyable, avec son architecture, ses bâtiments plus fous les uns que les autres, son mobilier mythique, sa bibliothèque gigantesque, ses ateliers entièrement équipés et sa végétation à perte de vue. Il m’a fallu une journée entière pour découvrir le site, pour dessiner le lieu, la nature, pour en saisir l’atmosphère même et pour l’absorber. Il m’a semblé important de savoir exactement où j’étais. Le lendemain, j’ai commencé à ramasser les plantes et à faire des expériences sur les couleurs. Au total, j’ai collecté une centaine de couleurs naturelles différentes : des nuances allant du brun au jaune, du rose au gris. Voici le portrait de Boisbuchet à un moment donné : J’ai capturé l’essence de cet endroit.

L’idée principale de ce projet n’étant qu’une ouverture à la teinture végétale, je l’ai utilisée pour faire un herbier – une collection de toutes les plantes et couleurs que j’ai trouvées sur le site. Il sera offert au domaine de Boisbuchet en libre accès. Au final, vous trouverez des pages qui n’attendent que d’être remplies par ceux qui veulent poursuivre cette quête de couleurs.

Mon séjour à Boisbuchet a été extrêmement enrichissant. C’était ma première résidence, et pour la première fois j’étais complètement autonome pour la réalisation d’un projet. J’ai pu expérimenter sans relâche et produire un travail à la hauteur de mes attentes. Et ce fut un succès pour moi, car ce projet m’a ouvert les portes du monde des couleurs, naturelles ou non, et ce n’est que le début de mes recherches !